Lorsque Yann Moix se met à défendre Arthur et le sionisme

Défense de toucher à Arthur

A chacun de ses spectacles, l’humoriste Arthur, comme il en a témoignédans un article bouleversant publié dans Le Monde, est insulté par desmanifestants propalestiniens. Parmi les insultes proférées, il en aretenu quelques-unes. Exemple : « Arthur sioniste, Arthur complice ! »Ça y est, donc. C’est arrivé. Nous sommes dans un pays, la France, oùle mot « sioniste » est devenu une insulte.

Pourtant, la véritable insulte, c’est bien que le mot « sioniste »soit devenu une insulte. Le sionisme est un idéal politique, devenu (ce qui est rare dans l’humanité) une réalité. Le sionisme, c’est uneforme politique possible ( pas exclusive) du judaïsme. Le sionisme futl’utopie de quelques-uns qui, au XIXe

siècle, ont décidé que les Juifs avaient eux aussi le droit nonseulement d’exister, mais de vivre ; et non seulement de vivre, mais devivre quelque part. Non plus n’importe où, non plus partout : non plusseulement sur la Terre, mais sur leur terre. Le sionisme est une idéequi peut être discutée, mais au sein du judaïsme lui-même ( et ellel’est !).

Seuls les Juifs ont le droit de se poser la question de savoir sile judaïsme est traduisible, ou pas, dans la langue du politique, del’histoire, et si le sionisme est, ou non, la meilleure traduction, lemeilleur avatar possible de la foi des Pères. Quant au reste du monde,il n’a qu’une chose à faire : respecter le sionisme comme une manièresûre, et on l’espère définitive, de ne plus reléguer le peuple juif àson nomadisme infernal qui, plus d’une fois, a failli le détruire. Enaucun cas le mot « sionisme » , le mot « sioniste » ne sauraient êtrehonteux.

L’antisémitisme n’a jamais reculé devant rien ( il a même toujoursavancé devant tout) : un des coups de génie, un des coups tordus qu’ilest parvenu à réaliser, c’est cet amalgame systématique entre sionismeet nationalisme, puis, tranquillement, avec l’air de ne pas y toucher,entre nationalisme et national-socialisme : Arthur est traité, sur lesbanderoles, de « complice » , comprenez, mes amis : de collaborateur.De collabo. Les manifestants essaient, c’est très clair, de fairepasser dans les moeurs l’équivalence Israël-Allemagne nazie.Retournement insoutenable, symétrie axiale diabolique où le nazisme,ramenant les fils d’Abraham dans son camp, colle encore au destin desJuifs mais, cette fois, en tentant d’en faire des associés, desjumeaux, des semblables : Hitler avait plus d’un tour dans son sac, etle diable sait que la vérité doit sans cesse changer de vérité pour seperpétuer dans les siècles.

abomination est un des visages nouveaux ( il y en a plusieurs,c’est très ramifié, très fin) de l’antisémitisme qui, pour exister,doit muter à mesure que le monde mute, doit muer à mesure que le mondemue. Sionisme, donc, égale nationalisme, égale aussi colonialisme,évidemment : tout le monde sait que le destin d’Israël est de conquérirle monde ! De s’étendre ! De se répandre ! Les « antisionistes » ,traduction « politiquement correcte » du mot « antisémites » , ne sontpas très cohérents : d’un

«Arthur vient de faire l’expérience fondamentale que tout Juif faitdans sa vie, tôt ou tard : celle de l’irrémissibilité de l’être-juif.Quand on est juif, on est toujours juif d’abord. Et français, canadienou marocain, ensuite. C’est cela que les juifs paient tous les jours.Tel est leur destin. C’est de cela, aussi, qu’ils doivent être fiers

»côté, ils passent leurs journées à fustiger le communautarismejuif, sa propension à rester fermé sur lui-même ; et, de l’autre, ilsentendent faire accroire que les Juifs sont des colons prêts à fairen’importe quoi pour agrandir leur espace vital ( terme nazi, bienentendu). On « accuse » Arthur de « financer l’armée d’Israël » . Ils’en défend. Mais j’ajoute : il aurait parfaitement le droit de lafinancer. Arthur est juif. Ce qui signifie que, quand les nazis futursreviendront ( car sous une forme encore inédite, peut-êtremoyen-orientale, ne doutons pas une seconde qu’ils feront tout pourrevenir), lui et les siens seront, comme jadis ses ancêtres, lespremiers, oui, les tout premiers sur la liste des suppliciés.

Arthur s’inscrit, comme tous les Juifs du monde, dans une familledont l’humanité, depuis qu’elle existe, veut la peau. Alors Arthur,même s’il ne le fait pas, même s’il a choisi de ne pas le faire, auraitparfaitement le droit, aurait humainement le droit, sans en rougir,d’aider un État qui, bien que critiquable ( car une défense aveugle dela politique d’Israël n’aurait évidemment aucun sens), est le résultat,le fruit d’une histoire tragique dont la mémoire ne se négocie pas.

la question suivante : pourquoi s’en prendre à lui, lui Arthur,humoriste, présentateur de télévision ( dont on peut par ailleurs, làn’est évidemment pas la question, n’être pas très fan) ? Regardons lalogique antisémite à l’oeuvre, voyons comment elle procède :

1) L’armée israélienne a fait des victimes civiles dont des femmes et des enfants.

2) L’armée israélienne, c’est Israël.

3) Israël ? Ce sont les Juifs ( ou sionistes, tout ça c’est pareil).

4) Comme ce n’est pas une guerre, l’armée israélienne, autrementdit Israël, autrement dit les Juifs ne sont pas des combattants, desbelligérants ; mais des assassins.

5) Les Juifs ont tous le même sang, par conséquent les Juifs et unJuif c’est la même chose : on dira donc le Juif pour dire les Juifs.

6) Ce qui signifie que n’importe quel Juif pris au hasard eststrictement équivalent à tous les autres Juifs, ses semblables. ToutJuif est sosie de tout Juif.

7) Conséquence : Olmert égale Nétanyahou égale Elie Wiesel égale Arthur.

Conclusion : Arthur est un assassin. Mais pourquoi lui ? Parcequ’il a réussi et qu’il est riche, qu’il est célèbre, qu’il a une joliefiancée ( comme Djamel, non ?), et surtout parce que, humoriste, il estinoffensif.

Pour un antisémite, c’est toujours l’inoffensif qui représente leplus grand danger. On se souvient de Hitler et des enfants juifs :toute l’Allemagne braquée contre des petits enfants ! Je crois bien quejamais je n’oublierai, de ma vie, ces quelques lignes d’Arthur qui, en2009 ( je répète : en 2009) s’est vu contraint, dans un quotidiennational de premier ordre, d’écrire « Je m’appelle Jacques Essebag. Jesuis né le 10 mars 1966 à Casablanca. (…) Je suis français. Je suisjuif. »

Arthur vient de faire l’expérience fondamentale que tout Juif faitdans sa vie, tôt ou tard : celle de l’irrémissibilité de l’être-juif.Quand on est juif, on est toujours juif d’abord. Et français, canadienou marocain, ensuite. C’est cela que les Juifs paient tous les jours.Tel est leur destin. C’est de cela, aussi, qu’ils doivent être fiers.Le monde comprendra-t-il, demain, que sans les Juifs il court à saperte ? Oui : sans les Juifs, nous sommes perdus. Et l’humanitésuicidaire le sait. C’est pourquoi, inventant sans cesse des torturesnouvelles, elle continue de les persécuter.

Par Yann Moix (Figaro du 13/02/08 )

 

Avec Yann Moix , tout est clair. Dans ce gloubi boulga de pensée négative  et de paranoia aigu on retiendra surtout que selon lui le projet sioniste ne peut etre critiqué que par les juifs eux meme, il dira ça aux Palestiniens ils comprendront surement… L’enfer est pavé de bonnes intentions ! Au moins En Israel la confusion entre le sionisme et le socialisme s’est enfin évaporé et le sionisme a rejoint sa seule famille politique possible c’est à dire la droite réactionnaire , raciste et colonialiste . 

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